Un certain nombre de patients présentent des troubles du sommeil à type de sommeil haché. Ils surviennent dans la première quinzaine. Ils sont parfaitement isolés, sans anxiété diurne par exemple.
Souvent ils sont imputés à la dose nocturne de nicotine, nécessitant de fait la diminution de celle-ci ( timbre du lever au coucher par exemple au lieu de toute la nuit ). Parfois, plutôt que cet ajustement, la simple adjonction d'un anxiolytique léger suffit.

Mais dans un tiers des cas, ils disparaissent spontanément, souvent dans la première quinzaine du sevrage, et ne nécessitent aucun ajustement de doses.

2.
les rêves isolés 

Une augmentation onirique est souvent observé sous forme de rêves, la plupart du temps agréable, lors du sevrage. Ils sont isolés, ne s'accompagnent ni de syndrome anxieux diurnes ni de troubles du sommeil. Imputés, la aussi, à la nicotine nocturne, dans notre expérience, ils disparaissent très souvent spontanément dans le premier mois de sevrage, la encore sans traitement spécifique ni ajustement de doses.

3.
les troubles du sommeil dans une anxiété généralisée

De survenue souvent un peu plus tardive que les troubles liés à la dose de nicotine, ils s'accompagnent de symptômes diurnes de la lignée « anxiété » : agitation, fatigabilité, difficulté de concentration ( à ne pas confondre avec des symptômes de manque de nicotine ! ), irritabilité, tension musculaire.
Ces troubles du sommeil peuvent être des difficultés d'endormissement ou un sommeil interrompu, agité ou encore non satisfaisant.
Ils doivent être traités dans le cadre de cette anxiété : anxiolytiques, sédatifs …

4.
les troubles du sommeil du syndrome dépressif 

Les antécédents de dépression sont plus fréquents chez les fumeurs demandeurs d'aide à l'arrêt que dans la population générale , ainsi que les dépressions avérées au moment du sevrage ( 22 % chez les fumeurs contre 6 % en moyenne dans la population générale ).

Les troubles du sommeil font partie des symptômes de la dépression. . Ils sont alors souvent retardés, survenant au bout de quelques semaines de sevrage (3 à 4 le plus souvent, dans notre expérience).
Sommeil haché, avec réveils en deuxième partie de nuit ( vers 4-5 heures du matin ), impossibilité de se rendormir, en sont les caractéristiques. Ils s'accompagnent des autres signes habituels de la dépression dans la journée : perte d'appétit ou hyperphagie, baisse de l'énergie, faible estime de soi, difficultés de concentration, perte d'espoir.

Ce syndrome dépressif demande une prise en charge adaptée : traitement antidépresseur, suivi psychologique ou les deux.

En conclusion, les troubles du sommeil sont fréquents lors du sevrage. Ils doivent être recherchés systématiquement lors des consultations de suivi. Isolés ou associés à d'autres troubles psychologiques, précoces ou tardifs, ils rentrent dans des cadres différents : syndrome anxieux, ou dépressif, parfois origine iatrogène.  Ils nécessitent de fait une prise en charge adaptée à chaque cas.